L’idée d'une petite voiture économique  est   cependant dans l’air                     

En tant que fabricant de pneumatiques les frères Michelin avaient compris que leurs sorts étaient liés à celui de l’automobile. Ils se sont donc préoccupés de l’avenir de celle-ci et ils s’efforcent de contribuer au développement de l’automobile et ils éditent une série de publications en sa faveur.

 

 

 

Dés 1922, ils lancent à travers toute la France un questionnaire de grande envergure  

Le préambule de celui-ci pose nettement le problème :

“Aux États-Unis, il y a une auto par 10 habitants. En France, une par 150 ! Pourquoi ?”

“Parce que, chez nous, l’auto est un signe de richesse ; là-bas, c’est un instrument de travail que tout le monde utilise. Une auto, par sa rapidité et sa facilité de déplacement, triple l’activité de celui qui l’emploie. Si au lieu de 260 000, la France en possédait un million – proportionnellement, ce serait encore quatre fois moins que les États-Unis –, il est facile d’imaginer l’élan qu’en recevrait tout le pays. La crise économique née de la guerre serait vite surmontée. Il y a là un intérêt national.”

“Un pareil développement n’est possible que si l’automobile devient tout à fait bon marché.

 Pour obtenir ce bon marché, il faut :

1. Créer un type de voiture qui soit un véritable outil de travail ;

2. Le fabriquer par quantités vingt fois plus fortes que les productions actuelles les plus élevées.

C’est une grande tâche, et la France industrielle tout entière doit s’y atteler pour en venir à bout. Mais l’industrie ne pourra se mettre à l’œuvre tant qu’elle ne connaîtra pas les besoins des acheteurs possibles et des prix qu’ils peuvent payer.”

 

Suivent les questions :

- Jusqu’à quel prix pourriez-vous payer une auto ?

- À combien de places ?

- Quel poids de marchandises devrait-elle porter ?

- Quelles marchandises ?

- Quelle est la plus grande vitesse que vous voudriez atteindre en terrain plat ?

 Les réponses à ces cinq questions simples permirent de dresser le portrait-robot de la voiture populaire idéale.

Son prix ne doit pas dépasser 5000 francs. Elle doit être capable de transporter 4 personnes et 50 kg de marchandises à 60 km/h.

 

8 ans plus tard, le journal l’ Argus de l’automobile reprend l’idée et réclame un engin rustique accessible à une nouvelle clientèle.

En 1935, la SIA ( Société des Ingénieurs de l’Automobile ) lance son grand concours de projet pour une petite voiture économique à 2 places seulement.

58 concurrents présentent 102 projets, parmi ceux-ci, la voiture maximum de l’architecte Le Corbussier et 2 propositions de Léon LAISNE font état de dispositifs nouveaux très différent d’un projet à l’autre et dont on pourra dire, après coup, qu’ils annonçaient des solutions mises en œuvre sur la 2CV.

Dans l’immédiat, aucun constructeur Français ne donne suite à ce projet de petite voiture économique.

 

Quand, treize ans plus tard, Pierre Michelin assumera la présidence des Automobiles Citroën, il n’aura plus qu’à mettre à l’œuvre ses ingénieurs sur la base des conclusions de l’enquête. Le questionnaire Michelin est en quelque sorte, avant la lettre, le faire-part de naissance de la 2 CV.