Un complément au cahier des charges

Contrairement à la légende, le cahier des charges de la 2 CV ne s’est pas réduit aux quelques phrases lapidaires du début.    

 

Tout au long des études et des essais qu’il suivait de très près, Pierre Boulanger n’a cessé de noter ses observations sur un carnet noir qui ne le quittait jamais. Il en tirait des notes précisant sa pensée, compléments au cahier des charges, qu’il passait au bureau d’études, telle celle-ci, datée du 3 mai 1938 :

– La TPV est une bicyclette à 4 places, étanche à la pluie et à la poussière, et marchant à 60-65 km/h en ligne droite sur route plate.

– Elle doit pouvoir être achetée par un ouvrier – donc ne pas coûter cher.

– Elle doit durer 50 000 km sans qu’on ait à remplacer aucune pièce.

– Le client ne pourra consacrer que 10 F par mois, au maximum, aux réparations courantes et à l’entretien.

Donc :

• Pas d’organes qui s’usent ou se détériorent.

• Pas d’organes qui se dérèglent et qui demandent l’intervention d’un spécialiste. Si certains réglages sont inévitables, qu’ils soient faciles à faire par le client lui-même.

• Pas d’éléments à remplacer périodiquement à moins qu’ils ne soient très peu coûteux.

• Grande accessibilité de tous les éléments démontables de façon à réduire au minimum le temps – donc le coût d’un démontage éventuel.

• Qualité excellente des éléments qu’on considère actuellement, à tort ou à raison, comme devant s’user : lampes de phares par exemple.

 

Le client de TPV ignorera tout de l’automobile.

Donc, lui faciliter au maximum toutes les opérations courantes pouvant influer sur l’usure des organes : ex. ouverture de remplissage d’huile commode, robinet de vidange du radiateur enfantin à manœuvrer, graisseurs très accessibles, etc.

Lui assurer la certitude de fonctionnement. 

Par exemple : à prix égal, entre un essuie-glace rustique actionné à la main et marchant bien et un essuie-glace mécanique pouvant se dérégler, adopter le premier.

Lui donner des instructions précises sur la façon de mettre en marche le moteur par –10° aussi bien qu’à + 25°.

 

La qualité doit être impeccable – et cependant le prix doit être très bas.

Donc, en dehors des exigences de la qualité, rien que le minimum indispensable à la conduite de la voiture. Par exemple : pas de coussins, à moins qu’ils ne coûtent que quelques francs. Pas de compteur, une simple manivelle pour la mise en marche.

Par contre, une bonne aération et un chauffage, l’un et l’autre peu coûteux, paraissent indispensables.

 

Les accessoires livrés avec la voiture devront être réduits au strict indispensable – mais ils devront être bien adaptés à leur emploi :

• Le cric ou son équivalent devra bien fonctionner.

• Une seule clé doit pouvoir s’adapter à tous les écrous.

• Faudra-t-il livrer une pompe pour le gonflage des pneus ?