C’était un nouveau défi : créer pour la 2 CV un sport à part entière  

Jacques Wolgensinger, directeur des relations publiques de Citroën, qui avait vues les 2CV à l’œuvre sur les pistes de terre du Moyen-Orient, imagina de recréer ces ambiances et conditions de circulation à une plus petite échelle.

Il chargea son collaborateur Claude Buquet de rechercher un lieu approprié.  

 

Durant le week-end du 23 juillet 1972, dans une carrière abandonnée découverte par Alain Beauvais (un photographe du raid Paris – Persepolis) au Pèchereau, près d’Argenton-sur-Creuse, ce fut fait.

Pendant vingt-quatre heures, devant 19 000 spectateurs enthousiastes, soixante 2 CV, Dyane et Méhari de toutes apparences s’affrontèrent dans des courses à grand spectacle, sur une piste en terre de 950 m spécialement dessinée pour elles au bulldozer

 Le 2 CV Cross était né, d’abord sous le nom de “Pop cross”. 

C’était encore une manifestation assez folklorique, premier échelon du sport automobile accessible aux bourses les plus modestes et dans des conditions de sécurité assurées, tout en conservant l’irremplaçable atmosphère de camaraderie bon enfant d’un spectacle populaire.

Il fut demandé à Marlène Cotton, en tant que responsable de la compétition, d’en prendre la direction.

Dès 1972, elle avait fait approuver le règlement par la Fédération française du Sport Automobile. S’appuyant sur une équipe solide constituée par des éléments des Relations publiques et du service Compétition, elle s’employa à donner au déroulement des épreuves une rigueur exemplaire (afin notamment d’empêcher toute “escalade” dans la puissance des voitures) et à imposer une stricte discipline aux concurrents, sur la base d’une organisation soigneusement réglée, à laquelle les associations sportives automobiles des régions concernées apportaient le renfort de leurs commissaires sportifs.  

 

 

Son adjoint pour le 2 CV Cross fut d’abord Jean-Pierre Gerbault, puis Jean-Claude Janès (chargé en particulier de l’établissement des résultats et classements, qu’il était capable de fournir quasi instantanément).  

Départs en peloton serré, virages en dérapage plus ou moins contrôlé, longues glissades latérales, freinages à la limite, passages sur deux roues, montées au talus bordant la piste, tête à queue, mises sur le toit, etc., c’était le sport automobile à 70 km/h, une tranche palpitante de virtuosité et d’audace spectaculaires – en toute sécurité.  

 “Bien plus drôle que les 24 Heures du Mans – et beaucoup moins cher !”, écrivit Jean Girbas dans L’Express. De trois épreuves en 1973, on passa à sept en 1974, organisées en championnat national richement doté grâce à l’appui de Total et de Michelin. 

En 1975, un nouveau pas fut franchi avec la création d’un trophée international de dix-sept épreuves dans cinq pays, rassemblant six cent trente concurrents. 

En trois ans, ce qui n’était qu’une manifestation insolite et pittoresque était devenu un événement sportif et médiatique véritable, homologué par la FFSA, patronné par le secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports, soutenu par les municipalités concernées, les quotidiens régionaux, RTL, et déplaçant des foules considérables (trente mille spectateurs à Argenton-sur-Creuse en 1974, cinquante-deux mille à Barcelone en 1975). 

En 1976, sept pays organisent vingt-huit épreuves pour six cent dix-neuf concurrents…

En 1978, la formule atteint son apogée avec la participation de dix pays européens ; deux cent cinq pilotes, dont quatre-vingts venus de l’étranger prennent au Creusot le départ de l’épreuve finale, le 174e 2 CV Cross depuis 1972 (2 304 participants au total). 

C’est aussi le moment où Citroën se retire en tant qu’organisateur, souhaitant que le 2 CV Cross continue sur sa lancée. 

Et le 2 CV Cross continue, il s’implante même en Argentine et au Chili. En 1979, vingt-huit courses sont disputées dans six pays.  

Par la suite, le 2 CV Cross se replie vers quelques pays dont la France, où, avec moins de moyens et plus de discrétion, un championnat continue à être organisé sur les bases établies dans les années 70.

Après un quart de siècle, la 2 CV court toujours.