L'opinion d'un maître
Dans L’Équipe
du 8 octobre 1948, Charles Faroux, le spécialiste de l’automobile écouté
comme un oracle par toute la profession, dans un article de 231 lignes sur le
Salon, en avait consacré en tout et pour tout 16 à la 2 CV pour dire…
qu’il n’en parlerait pas : “On trouve chez Citroën la maquette
d’une nouvelle petite voiture : je dis maquette parce que la voiture présentée
sur le stand n’a pas de moteur.” Et, plus loin, cette considération :
“Cette sortie d’une 2 CV par Citroën nous apporte peut-être
l’espoir d’une liberté peu à peu renaissante car le Plan de cinq ans prévoyait :
4 CV pour Renault, 8 CV Peugeot et Simca, 11 et 15 CV Citroën.” On peut penser que Charles
Faroux ne digère pas que Boulanger, interrogé par lui la veille même du
Salon, ait répondu sans barguigner qu’il ne présenterait pas de nouveau modèle. L’année
suivante, Faroux consent cependant à livrer son opinion sur la 2 CV.
Dans L’Équipe du 11 octobre 1949, il écrit : “La 2 CV
Citroën est présentée complète au Grand Palais. Il est normal que la
popularité de la marque lui attire beaucoup de visiteurs. (…) En somme :
beaucoup de détails heureux généralement traités avec soin (…). Beaucoup
de discussions naissent autour de la voiture. On comprend quelle faute
psychologique ce fut de la présenter prématurément – et incomplète –
l’an dernier. Certains disent : “Ce n’est pas joli…” A quoi il ne
faut pas attacher beaucoup d’importance, d’abord parce qu’on a surtout
voulu faire de l’utile, et surtout parce qu’en matière de mécanique, le
passé nous a enseigné que l’esthétique était surtout question
d’accoutumance.” Quand les 2 CV seront
fréquentes sur nos routes, personne ne songera à leur reprocher leur présentation.
Partie mécanique ? Moi, je me permets de la trouver parfaite. Et puis
Becchia n’est pas un enfant. (…) Je crois la 2 CV Citroën une voiture
d’excellent service. Elle fera son devoir : aux conducteurs de faire le
leur.” Comprenne qui pourra cette curieuse chute !
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