Dans les années 70, les séries spéciales existent déjà aux États-Unis pour ranimer le marché en touchant les particuliers par un thème pouvant les intéresser. Une idée reprise par Citroën avec la Spot qui a le mérite d’être la première voiture de série spéciale en France.

C’est pour ranimer la flamme de la 2 CV que Citroën lance la Spot en avril 1976, sa première série spéciale. La carrosserie est bicolore : blanc et orange. "Spot" est inscrit dans une bande orange sur les portes. Les sièges sont tendus d’un tissu orange. La capote est en toile orange. Les tendelet, pare-soleil et panneaux de portes sont rayés orange et blanc.

Le marché français est limité à 1 800 Spot mues par le 435 cm3 de la 2 CV 4. Le prix de vente est de 13 600 F (presque 1 000 F de plus que la 2 CV 4 de série). La Spot est exportée, notamment vers le Benelux. La Suisse suivra (AM 1977) avec une version qui diffère principalement par son moteur de 2 CV 6 de 602 cm3. Les 200 véhicules suisses sont numérotés sur les portes avant, dans la bande orange.

Sur la péninsule Ibérique, le phénomène série spéciale est très prisé. On compte là-bas plusieurs dizaines de Citroën "limitées" et parmi ces modèles une seule "Deuche" : la Márcatelo, qui date de 1976. Cette chaussure de foot est la copie modifiée du projet de Claire Pagniez, lauréate du concours de décoration lancé par Citroën auprès des élèves de l’école Camondo. Blanc et orange comme la Spot, elle est commercialisée pendant le "Mundial" 1976. Si l’on remarque surtout les lacets de capot et les enjoliveurs de roues orange, on découvre aussi une découpe de peinture latérale dans l’idée de ce que sera quatre ans plus tard la Charleston ! Elle est produite à 300 unités pour le marché ibérique uniquement.

Au Salon de Paris de 1980, Citroën présente une nouvelle série spéciale sur base de 2 CV 6, la Charleston. C’est une "Deuche" qui se veut résolument rétro – c’est alors la mode –, peinte dans une très belle robe bicolore rouge et noir avec une décoration spécifique, le tout très "art déco". La Charleston originale a les phares rouges, un tissu pied-de-poule et son monogramme gris apposé à la droite du coffre. C’est somme toute une transformation simple puisque tous les éléments bicolores sont peints dans la couleur de base sur laquelle on installe la décoration adhésive noire ou gris foncé.

La Charleston est exportée vers de nombreux pays européens. En Angleterre, en plus de la conduite à droite, elle possède des phares rectangulaires car les phares ronds d’origine "n’éclairent pas assez", selon les Anglais.

Les 8 000 exemplaires prévus se vendent comme des petits pains. Face à cet engouement – et contrairement à ce qui avait été affirmé au réseau – Citroën incorpore la Charleston à sa gamme le 1er juillet 1981, pour l’AM 1982.

Pour la grande série de l’AM 1982, Citroën la rend un peu plus joyeuse avec des phares chromés, mais on passe à un tissu moins cher, "gris 1930 à piquage", et le monogramme adhésif est remplacé par deux monogrammes noir et argent (métal ou plastique), à gauche et à droite du coffre.

La Charleston est ensuite déclinée en jaune hélios et noir qui sort presque en même temps que la rouge et noir AM 1982. Puis sortent les Charleston gris cormoran (clair) et gris nocturne (foncé). Des prototypes vert et noir et bleu et noir sont également fabriqués mais non commercialisés. Une société américaine qui distribue la "Deuche" pour son propre compte, vendra (hors catalogue Citroën) la version vert et noir.

En 1982 sort le film Rien que pour vos yeux dans lequel une 2 CV jaune pilotée par James Bond joue un rôle d’importance. Pour la première fois, Citroën met 500 exemplaires de la 2 CV 007 en circulation à raison d’une par magasin d’exposition (au nombre de 480 à l’époque). Elle est de même couleur que la voiture du film avec en plus des adhésifs d’impacts de balles et le logo 007 sur les portes. Malgré les apparences, ce n’est pas une série spéciale. Il semble que les 2 CV ainsi écoulées fassent partie d’un stock ancien puisqu’elles n’ont pas de freins à disques à l’avant, ceux-ci étant de série sur les 2 CV AM 1982. Une fois les 007 vendues, la demande est telle qu’Accessoirie Citroën fournira aux clients désireux de transformer leur 2 CV jaune neuve un jeu complet d’autocollants. Aucune brochure publicitaire ne fut publiée sur cette voiture.

Vers 1982, les Anglais ont droit à leur version personnelle : la 2 CV Bamboo. Véhicule peint en vert bambou, avec des logos spécifiques sur les portes avant et le coffre. Pas d’autre équipement supplémentaire.

En 1983, la marque sponsorise le voilier France 3 qui participe au nom de la France à l’America’s Cup, à Newport. Pour l’occasion, Citroën France lance en avril une série de 2 000 2 CV 6 que l’on doit à l’agence RSCG. Ce véhicule blanc/beige est décoré de bandes bleu océan qui forment des vagues sur les portes. La capote et le tissu en toile écrue à rayures bleues reçoivent une décoration similaire. Sur le coffre on trouve un dessin du voilier tricolore. Un dépliant est publié pour l’occasion. Les acheteurs ne se bousculant pas, Citroën reste avec de nombreuses France 3 sur les bras après la course. En février 1984, un second dépliant est publié par Citroën, on n’y évoque plus le voilier en question, remplacé au pied levé par un sentiment plus général de loisirs, de vacances.

Pour l’exportation, la France 3 est rebaptisée d’autres noms du milieu marin tels Transat (Espagne, Autriche et Pays-Bas) ou Beachcomber (Angleterre) ce qui signifie ramasseur d’épaves, naufrageur…

Sur base d’une 2 CV 6 Spécial, la Week-end est commercialisée en Suisse en 1984. C’est une Berline beige à capote marron clair, avec, sur les flancs, une décoration marron clair et marron foncé.

La 2 CV a toujours été la petite chérie des écolos allemands et suisses. En 1985, leur véhicule préféré pouvant encore fonctionner à l’essence sans plomb, les importateurs de ces deux pays en profitent pour lancer la version spéciale Ente-Grün, qui devient Canard Vert en Suisse romande. La décoration sur les portes est proche de celle de la Charleston, sauf que tout est de couleur écologique. Un canard qui vole sur la porte avant en arborant fièrement une casquette d’aviateur dit à ceux qui l’admirent : "I fly Bleifrei", je vole sans plomb. Ce barbarisme anglo-allemand ne sera pas modifié sur les modèles "francophones".

En Suisse sort en mars 1985 une Berline 2 CV rouge géranium, avec des flammes sur les côtés.

Citroën va lancer une série spéciale aussi ludique que la Charleston mais plus simple à fabriquer. Ce sera la Dolly, une nouvelle version bicolore qui sera produite lors des AM 1985 et 1986 à plus de 5 000 unités.

La Dolly sera faite en trois versions, déclinées chacune en trois séries. La première, lancée en mars 1985, est proposée en blanc et gris, crème et gris et rouge et gris. Six mois plus tard, la deuxième série est lancée. La version grise, finalement assez sombre, est remplacée. Le client a le choix entre les combinaisons vert et blanc, rouge et blanc et marron et crème. La troisième et dernière série diffère peu de la deuxième : on a remplacé la version vert et blanc par une autre arborant un bleu foncé ailes et capote crème.

Les Dolly sont exportées vers de nombreux pays européens. Elle reçoit un accueil enthousiaste des Anglais et des Allemands. Pour ces marchés, la production intégrée à la gamme de série sera poursuivie en Espagne et plus tard au Portugal.

La Cocorico est la dernière série spéciale du marché français, elle est créée en janvier 1986 à l’occasion de la Coupe du monde de football. La France est bien placée et on pense la victoire possible. On prépare donc une 2 CV blanche qui porte un nom triomphant : Cocorico. Mais la France est battue par l’Allemagne en demi-finale. Qu’importe, on la sort quand même avec les couleurs nationales françaises. Les portes reçoivent un adhésif dans des tons bleu et rouge dégradés, le reste est peint. Au total, 1 000 Cocorico sont livrées aux clients, français uniquement.

Sous le prétexte "la Deuche est une vraie voiture, mais pas trop…", la filiale de Cologne lance en 1988 la Sausss-Ente (avec trois s !), profilant ainsi la 2 CV comme une anti-voiture. En plus du canard volant, comme sur la Ente-Grün, l’accélération de 0 à 100 est affichée sur le coffre : 59,4 secondes. Cette version fut exclusive au marché allemand.

En 1988, on annonce une série spéciale de 1 000 2 CV Perrier, exclusivement réservées au marché belge. Soutenue par la remarquable publicité de Perrier, la petite 2-pattes devient aussitôt un collectors item, un article de collection. On trouve une ligne verte sur le capot avec un petit singe vert – le personnage Perrier en trois dimensions. Les enjoliveurs de roues ont la forme d’une capsule de bouteille Perrier. À l’intérieur : le logo Perrier se retrouve au centre du volant, la boule de levier de vitesses est verte, les panneaux de portes sont tendus d’un tissu Perrier avec le petit singe, et à l’avant, au centre, se trouve une petite glacière verte, assez grande pour accueillir six bouteilles… de Perrier. Logo Perrier à l’arrière. Le prix de vente est de 194 000 BEF.

La "Deuche", ou "chèvre" en Belgique, est la voiture idéale pour les jeunes. Dans un ultime effort, Citroën Belux lance en 1989 la 2 CV Dakar. C’est une 2 CV 6 Spécial, (souvent) rouge, équipée de série des éléments du kit Aventure commercialisé par Accessoirie Citroën partout en Europe. Le kit comprend : un ensemble de protection plastique pour la découpe des ailes avant et arrière, des grilles de protection pour les phares, le porte-bagages de coffre, 4 poignées extérieures sur la caisse et des pare-chocs renforcés, dit "pare-buffles". Il est à remarquer que le kit Aventure descend de la 2 CV prototype présentée au Salon 1983 avec d’autres voitures de la gamme sous le nom générique de Croisière jeune.